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GUIDE JURIDIQUE
pour les manifestantEs et les activistEs
Mai 2011
Que faire en cas d’arrestations ?
Garde ton sang-froid et réfléchis !
N’oublie pas que l’arbitraire et la partialité sont les seules lignes de conduite
pour les flics et la justice …
Ce guide est basé sur le guide rédigé pour le contre-sommet de L’OTAN à Strasbourg en 2009
et a été complété par rapport aux différentes lois votées depuis. Toutefois, cette version devra
être réactualisée dès juin 2011.
Il est conçu principalement en fonction de l’existence d’une legal team (il garde un lien avec la
manière de fonctionner de la Legal Team Strasbourg), il faut donc adapter la lecture de ces
conseils en fonction de la situation locale dans laquelle on se trouve. Par ailleurs, au lieu du
terme legal team, le groupe de solidarité peut être un « comité de soutien », « collectif anti-
répression », « caisse de solidarité », etc. ; voire simplement ton propre groupe de camarades.
Informe-toi sur l’existence d’un groupe de solidarité « local » ou d’une legal team. Lors
d’événements importants, une Legal Team peut aussi être créée. L’objectif de la Legal Team est
d’aider les personnes arrêtées et de faire le lien avec les avocats : Il est important de se
rapprocher du groupe local ou de la legal team pour connaître son fonctionnement, ses modalités
de contacts et les différentes adresses utiles. Renseigne-toi AVANT la manif en consultant par
exemple leur site internet. Dans tous les cas, renseigne-toi bien sur leurs modalités de soutien.
Même si l’on dénonce le système judiciaire dans son ensemble, il n’en reste pas moins qu’il est
toujours en place et qu’il s’abat systématiquement sur tout mouvement social contestataire. A
titre individuel comme collectif, il est nécessaire d’y réfléchir et de s’y préparer. Outre la
solidarité, la première de nos armes face à la répression est la connaissance, l’échange
d’informations et d’expériences.
Ce guide n’est pas à lire après sa sortie de garde-à-vue ou de prison mais AVANT d’aller en
manif/actions…
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Le peu de liberté d’expression, de droit de manifestation et de rassemblement accordé par
l’État capitaliste est constamment restreint par de nouvelles lois. Les tentatives d’intimidation
et les stratégies de criminalisation n’auront aucun succès si on arrive à s’organiser
collectivement et à éviter tout isolement des personnes.
Dans une situation critique, la première règle est la confiance en tes camarades qui s’occupent
de toi si tu es dans la merde, comme tu le ferais pour eux !
ABC DE MANIF
Il y a bien sûr d’énormes différences entre une manif et une “manif”. On se dit souvent, pour se
rassurer, que rien ne va se passer et on a raison. On doit quand même respecter certains
conseils lors d’une manif, même tranquille, car elle peut toujours faire l’objet d’une répression
policière.
Habille-toi de manière appropriée : des vêtements pas trop amples (car trop facile à attraper)
avec des chaussures confortables et avec lesquelles tu peux courir. Evite de porter un T-shirt
ou autre qui porterait des inscriptions trop connotées par rapport à la violence.
Si tu caches volontairement ton visage aux abords d’une manifestation, tu risques désormais une
amende allant jusqu’à 1 500€ (jusqu’à 3000€ si récidive), mais en aucun cas un séjour en GAV !
Soit aussi en mesure de changer de vêtements ou d’apparence rapidement, surtout si tes
vêtements portent des traces d’actions criminalisables (traces de peinture par exemple) : les
dispersions de manifs peuvent ensuite donner lieu à des chasses au faciès ou sur simple
description vestimentaire, et à des arrestations quelques heures après ou dans les rues
adjacentes.
Prends ta carte d’identité ou un document « officiel » qui comporte ton nom et une photo
d’identité (permis de conduire, passeport, etc).
Si tu es européen : ta carte d’identité. Si tu es non-européen, tu dois toujours avoir sur toi le
titre ou les documents t’autorisant à circuler ou à séjourner en France (une carte de séjour, un
passeport avec un visa datant de moins de 3 mois, un récépissé de demande de titre de séjour
ou encore une convocation à la préfecture etc…) : la police peut à tout moment contrôler la
régularité de ton séjour en France.
Selon les cas, informe-toi si un « groupe de solidarité » propose des modalités de soutien.
Lors d’évènement particuliers, type contre-sommet, réfère-toi à ce que la Legal Team
éventuellement en place propose concernant les modalités de contact. Écris-toi sur le bras
le numéro de téléphone du groupe de solidarité ou de la legal team ou de ton avocat si tu
en as un.
Prends aussi :
−Une carte téléphonique et de l’argent liquide (ça peut toujours aider),
−Un stylo et du papier sur lequel tu peux noter des détails importants sur le déroulé de la
manifestation (utiles à la Legal Team ou au groupe de soutien mais attention à ce qu’ils ne soient
pas compromettants pour des manisfestantEs).
−N’oublie pas tous les médicaments que tu dois prendre régulièrement.
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Évite de prendre des produits (alcool, drogues…) qui modifient le comportement car :
−Atténuation de ton sens du repérage dans l’espace (souvent utile en cas de précipitation !),
−Dilatation des vaisseaux ce qui peut entrainer des complications en cas de plaie,
−En cas d’arrestation, les avoir consommés ou les détenir sont des facteurs aggravants qui
peuvent alourdir la peine au tribunal (ex : du sursis au ferme).
=> Tu dois garder ton sang froid et être capable de prendre des décisions à tout moment.
Ne prends pas de couteau ou tout ce qui peut passer pour une « arme par destination » (ce qui
aggrave également ton cas lors d’une arrestation car c’est une infraction : « port d’arme
prohibé »).
Préfère des lunettes à des verres de contacts au cas où des gaz lacrymogènes sont utilisés.
Prends aussi de quoi te protéger des gaz lacrymogènes, notamment du liquide physiologique.
Ne prend pas ton portable ou supprime toutes les informations stockées et enlève la carte SIM
et la batterie quand tu ne téléphones pas. Bref, laisse tes notes chez toi, surtout tes carnets
d’adresses : Merci pour tes camarades !
Saches que les flics n’ont pas le droit de te demander de retirer un autocollant collé sur toi,
idem pour un drapeau ou une banderole car c’est une atteinte à la liberté d’expression.
Sache que les photos et les caméras, autant que le relevé de traces ADN sur les lieux de
l’action (pour les cas de détérioration), peuvent servir de preuves contre toi ou contre les
autres.
Avant de partir en manif : Laisse à quelqu’un ton nom, prénom, ta date de naissance et ta
nationalité, et crie-les à quelqu’un en cas de problème pendant la manif.
Si possible, ne vas jamais seul à une manif : Ce n’est pas seulement plus amusant d’y aller avec
des camarades auxquels tu fais confiance, c’est aussi plus sûr.
Dans le meilleur des cas, allez-y ensemble, pendant la manif essayez de rester ensemble et
quittez-là ensemble.
C’est aussi judicieux de discuter et d’envisager ensemble les différentes réactions à avoir dans
différentes situations, d’écouter les peurs et les craintes de chacun, avant une manif.
Apprend à reconnaître les différents types de flics, en uniforme ou non :
−CRS (robocop)
−Agents de police nationale (police)
−Gardes mobiles de gendarmerie (armées) en uniformes, chargés d’encadrer et de disperser la
manifestation, ils ont le numéro de leur unité dans le dos, du type 1A, 3B… .
−BAC (Brigade Anti-Criminalité) en civil et aussi en uniforme, cow-boys chargés des
interventions rapides et des arrestations brutales,
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−Agents de la sécurité publique, chargés d’évaluer les risques, de parler avec les
manifestant(e)s, de tenter de prendre en main les manifs et de négocier (ils sont souvent
qualifiés de RG, mais ils n’ont pas le même rôle et ne se cachent pas),
−RG (Renseignements Généraux) exclusivement en civil qui se cachent parfois, police politique
chargée de surveiller les réseaux militants et les événements politiques.
−Les Services d’Ordre des syndicats qui encadrent les manifs autorisées et « travaillent »
régulièrement avec les flics…
Sache qu’un service spécial de la police (non pas des RG) a été créé récemment pour infiltrer les
groupes de manière affinitaire.
N’oublie jamais que les flics en civil sont extrêmement nombreux : Ne parle jamais de tes
exploits en pleine rue, et évite de prononcer des noms.
Tu peux repérer ceux en civil souvent groupés en début de manif, un peu en retrait. Les divers
flics en civil peuvent t’arrêter, mais doivent en principe porter un brassard et annoncer d’une
façon quelconque leur qualité de policier. Il arrive qu’ils ne respectent pas ces obligations et
c’est alors une cause de nullité de procédure en cas d’arrestation avec poursuites judiciaires.
Note : A l’entrée d’un lieu public, les vigiles (de supermarché, de stade…) ont le droit de
regarder ton sac et procéder à une palpation uniquement si tu donnes ton accord ou s’ils sont
accompagnés d’un flic. En cas de flagrant délit, les vigiles n’ont pas le droit de demander ton
identité mais peuvent, comme tout citoyen, te retenir jusqu’à l’arrivée des policiers.
En cas d’actes de violence
Ne panique pas ! Respire bien fort, arrête-toi et demande aux autres de faire de même, formez
des chaînes humaines ou organisez un retrait, s’il n’y a pas d’autres possibilités. La formation
d’une chaine a déjà permis d’éviter des arrestations, des violences policières et d’évacuer des
blessés.
En cas de gros mouvement, de répression violente ou autres : garde toujours ton sang-froid,
prends le temps d’observer la situation et réagis vite.
En cas de blessés
Prend soins des personnes blessées et aide à assurer leur transport. Préviens la Medical Team
s’il y en a une, ou organise avec des amis le transport et l’assistance aux blessés. A l’hôpital,
donne ton identité (nom, prénom, date de naissance, etc), explique ton problème médical mais ne
donne pas d’éléments de contexte : Beaucoup d’hôpitaux peuvent collaborer avec la police et leur
passer des informations.
En cas d’arrestation
Attire l’attention sur toi, et gueule ! Crie ton nom et éventuellement l’endroit d’où tu viens, pour
que tes camarades puissent être prévenus et organiser ton soutien rapidement, et/ou pour que
ton arrestation puisse être communiquée à la Legal Team ou au groupe de solidarité le plus vite
possible.
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Reste calme et poli, les flics accusent très facilement du délit «d’outrage et rébellion»…
Pendant le trajet vers le commissariat ou le lieu de rassemblement des prisonniers, tu peux
parler avec d’autres camarades de tes droits mais ne dis pas un seul mot sur ce que tu as fait ou
ce que vous avez fait.
Ce ne serait pas la première fois qu’il y aurait un mouchard parmi vous, même si tu as une bonne
impression de chacun.
Fais attention aux autres et aide les si tu vois qu’il y en a qui prennent la situation moins bien
que toi. Parlez entre vous du fait qu’il faut absolument se taire à partir de ce moment là et
tentez d’échanger vos noms et adresses pour que le premier relâché puisse contacter tes
camarades et/ou la Legal Team.
Si tu viens d’être relâché, préviens rapidement la Legal Team ou le groupe de solidarité ou ton
avocat et produit un témoignage écrit le plus précis possible de ce que tu as vécu lors de ton
arrestation si possible en retrouvant des témoins. Un tel document peut être très utile, voire
indispensable, s’il devait y avoir un procès (quelques mois plus tard, souvent). La police, aussi,
note tout.
Si tu es témoin d’une arrestation, transmet l’info au plus vite à la Legal Team : le nom de la
(des) personne(s) arrêtée(s), le lieu de l’arrestation, le nombre des interpellés, le type de
service de police, le nombre des flics, et si, tu le sais, l’endroit vers lequel les camarades sont
emmenés. Par mail ou par téléphone : tout en décrivant au mieux ces informations, ne parle
jamais des faits commis ou non de tes camarades (ou des tiens). Prends le temps, si tu peux,
d’écrire tout ce que tu as vu sur papier. Garde ce papier chez toi et contacte la LT ou le groupe
de solidarité par mail ou téléphone, pour savoir de quelle manière fournir ton témoignage. Ne
transmet en aucun cas ton témoignage par mail. Ce témoignage peut être très important pour la
suite. Il n’est destiné qu’à la LT ou le groupe de solidarité et/ou à la personne accusée elle-même
ou son avocat, dans le cas contraire, tu le gardes soigneusement !
LA RÉPRESSION POLICIÈRE DANS TOUT SES ETATS…
LE CONTRÔLE D’IDENTITÉ – LA FOUILLE D’UN VÉHICULE
Les flics peuvent procéder à un contrôle d’identité pour de nombreux prétextes et sans
obligation de le préciser. Ils peuvent contrôler ton identité, entre autres :
– s’il existe des raisons plausibles de soupçonner que tu as commis ou a tenté de commettre une
infraction,
– que tu te prépares à commettre un crime ou un délit,
– que tu es susceptible de fournir des renseignements sur une enquête pénale en cours,
– pour “prévenir une atteinte à l’ordre public”.
– quand l’espace Schengen est levé, les contrôles aux frontières sont rétablis et systématiques.
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Lors du contrôle, les flics peuvent seulement accomplir sur toi une palpation de sécurité (« vous
ne transportez pas d’armes, d’objets dangereux ou de drogues ? »). Il s’agit d’une recherche
externe, sur les vêtements, il ne doit pas y avoir d’attouchement ou de fouille.
Fouille d’un véhicule : Sauf lorsqu’il s’agit d’un véhicule d’habitation (caravanes …), les flics
peuvent fouiller un véhicule y compris le coffre. Ils peuvent immobiliser le véhicule pendant
30mn pour le fouiller avec l’accord du conducteur (ou à défaut le procureur) “pour prévenir d’une
atteinte grave à la sécurité des personnes et des biens”.
Où ? N’importe où ! En théorie, tu restes parfaitement libre pendant les opérations de contrôle
d’identité et de fouille du véhicule. Tu peux notamment téléphoner et communiquer avec des
tierces personnes (pour demander à prévenir tes proches par exemple…)
Que présenter ?
– Si tu es français : En principe des papiers officiels avec photos : carte d’identité, permis de
conduire, passeport. En théorie, tu n’es pas obligé d’avoir tes papiers sur toi, même un
témoignage de quelqu’un sur place qui confirme ton identité peut suffire, mais, si tu ne
présentes pas de papiers, la police peut t’emmener au poste pour faire une vérification
d’identité.
– Si tu es ressortissant européen (espace Schengen) : Tu dois présenter une carte d’identité ou
un passeport.
-Si tu viens d’un pays hors Europe, hors Espace Schengen : Tu dois toujours avoir sur toi le
titre ou le document t’autorisant à séjourner sur le territoire.
S’ils ne sont pas satisfaits des documents présentés, ils peuvent faire une « vérification » de
ton identité. Ils ont 4h pour vérifier ton identité à compter du début du contrôle d’identité.
LA VÉRIFICATION D’IDENTITÉ
C’est la procédure qui permet à la police d’établir clairement ton identité (si tu refuses de lui
donner ou si tu es dans l’impossibilité de justifier de ton identité).
Qui ? Un Officier de Police Judiciaire uniquement (OPJ), c’est-à-dire quasiment tous les flics.
A titre de contre-exemple, les agents de police municipale n’en sont pas.
Où ? Au poste de police la plupart du temps (ou dans la camionnette)
Pour combien de temps ? Les policiers ont 4 heures pour établir ton identité ; au-delà de ce
délai, ils doivent te relâcher ou te placer en garde à vue (qui démarre à partir de ce contrôle).
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Déroulement :
Lors de cette vérification d’identité, tu dois être tout de suite informé de ton droit à faire :
−Aviser le procureur
−Prévenir ta famille ou toute personne de ton choix.
Donc demande au minimum à prévenir toute personne de ton choix.
Tu n’es pas obligé de parler ni de répondre aux questions, à part à celles relatives à ton état
civil (nom, prénom, date et lieu de naissance, nom des parents).
Après ces questions « obligatoires », ils peuvent continuer avec des questions innocentes («
Quelle année d’études ? Êtes-vous venus en voiture ? » Etc.). Si tu commences à répondre à ces
autres questions, les policiers risquent de ne plus te lâcher. Si tu choisis de ne rien dire, tu dois
dire “Je n’ai rien à déclarer” (et non pas “je ne sais rien”, ce qui revient à déclarer quelque
chose), et cela doit être noté tel quel sur le procès-verbal. À chaque question, il faudra à chaque
fois répondre « je n’ai rien à déclarer ».
Un procès verbal est établi :
Ne dis pas tout de suite si tu seras d’accord pour le signer.
Vérifie qu’il mentionne les raisons et qu’il précise que les flics t’ont bien informé de tes droits.
Ne signe le procès verbal que si tu es totalement d’accord avec le contenu.
Tu peux ne pas signer le PV (et le justifier devant le juge : « J’ai subi des violences policières,
je n’étais pas d’accord avec ce qui a été écrit, j’ai refusé ce qui est mon droit, etc »).
Si tu le signes, prend le temps de bien le relire, demande à ce qu’il soit corrigé si besoin.
Tu peux aussi ajouter une remarque manuscrite si tes droits n’ont pas été respectés. Met un
trait à la fin s’il reste du blanc.
Dans tous les cas, n’oublie pas d’en demander une copie.
Note : Attention, il y a des conditions particulières pour les mineurs de moins de 18 ans.
Notamment, si tu es mineur, le procureur de la république doit être informé dès le début de la
rétention ainsi que ton représentant légal (parents, tuteur, etc). Tes parents doivent savoir ce
qu’il advient de toi et ils ont le droit de choisir leur avocat. Si tu as plus de seize ans, tu es en
droit de demander la visite du médecin. Pour les moins de seize ans, cette visite est immédiate.
A savoir : Si tu refuses de donner ton identité ou que tu donnes des « informations
manifestement inexactes » (genre « Je suis Ravachol, etc. »), ils peuvent prendre des
empreintes digitales et des photos après autorisation du procureur. Si tu refuses cette
prise d’empreintes et ces photos, tu t’exposes à une peine d’emprisonnement (jusqu’à 3
mois) et/ou une amende (jusqu’à 3750 euros).
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GARDE À VUE (GAV)
La GAV est une mesure décidée par les flics. Un procès verbal (PV) de placement en garde à vue
est établi.
Les flics peuvent te mettre en garde à vue s’il existe “une ou plusieurs raisons plausibles de
soupçonner que tu as commis ou tenté de commettre une infraction”. Les « raisons plausibles »
sont des termes suffisamment vagues pour permettre aux flics de coller qui ils veulent en garde
à vue.
Les GAV sont utilisées dans les trois sortes d’enquêtes (flagrant délit ou crime flagrant,
enquête préliminaire, instruction). Dans les deux premiers cas, la garde à vue peut déboucher
directement sur un procès en comparution immédiate.
La GAV sert à t’interroger et à éviter que tu communiques avec d’autres personnes ou que tu
dissimules des preuves.
Légalement, les flics ne décident seuls que du début d’une garde à vue : Ensuite, le maintien, la
prolongation et les suites sont décidés par le procureur (ou son assistant, appelé “substitut du
procureur”). Cependant, comme cela se passe la plupart du temps par téléphone, le procureur ne
juge de la situation qu’à travers ce que lui en disent les flics.
Dans la suite de ce guide, nous utiliserons uniquement le terme de “procureur” : en cas de
commission rogatoire (enquête), il faut le remplacer par celui de “juge d’instruction”.
Durée de la GAV (à compter de l’arrestation ou du début de la vérification d’identité le
cas échéant) :
−Cas général : 24h renouvelables une fois (48h) sur autorisation du procureur ou du juge
d’instruction.
−Si tu es soupçonné de terrorisme, de trafic de stupéfiant, de bande organisée, etc., c’est
direct 48 h avec une prolongation possible de 24h ou de 48h sur autorisation du procureur, juge
d’instruction ou juge de la liberté et de la détention (JLD) après un entretien avec le/la gardé-e
à vue, soit 96h.
−Pour les infractions liées au terrorisme avec un “risque sérieux d’imminence d’action
terroriste”, le JLD peut encore prolonger la GAV, après la 96e heure, pour deux périodes de 24
heures soit au total 144 h au placard (6 jours).
DÉROULEMENT DE LA GAV
Tes droits en GAV sont inscrits sur le PV de placement en GAV et sur le registre des GAV. Les
flics sont tenus de faire un certain nombre de choses dès la première heure de la GAV :
informer le procureur, te dire tes droits (« notification »), faire prévenir tes proches, un
médecin et un avocat si tu le demandes, et faire venir un interprète si tu ne connais pas la
langue française.
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Ces obligations (et en particulier la notification des droits) peuvent être différées, en cas de
“circonstances insurmontables” plus tard (si tu es en état d’ébriété, encerclement du
commissariat par des manifestations…).
Ils notifieront aussi tous tes faits et gestes (heure des repas, consultation d’un médecin,
attitude, etc.)
Notifier les droits : C’est t’informer d’un certain nombre de choses :
– La nature des faits reprochés (attention, il s’agit de leur qualification juridique, c’est-à-dire
de la manière dont ils sont appelés dans le Code Pénal),
– Le rappel du droit de faire prévenir avocat, proches et employeur, du droit à voir un médecin,
– Le rappel de la durée de la garde à vue.
La récente réforme de la GAV prévoit :
– Les flics doivent maintenant t’indiquer que tu as le droit de garder le silence : dis alors
simplement « je n’ai rien à déclarer » à chacune des questions à part donner ton identité (tu
avais déjà ce droit, mais maintenant les flics doivent te le dire).
– Les flics doivent maintenant t’informer que tu peux demander un avocat durant toutes tes
auditions pour les GAV de droit commun, MAIS pas si tu es soupçonné de terrorisme, de trafic
de stupéfiant, de bande organisée.
ATTENTION : il existe un flou juridique concernant le moment à partir duquel cette réforme
doit s’appliquer. La loi du 14 avril 2011 dit que cette réforme entre en vigueur le 1 er juin 2011,
mais, en parallèle, la cour de cassation a estimé dans des arrêts du 15 avril 2011 que la présence
d’un avocat durant les auditions s’applique dès maintenant. Nous n’avons donc pas de réponse
claire sur ce point à la date de diffusion de ce guide. Donc, au mieux, il y a un avocat maintenant
durant les auditions (demande sa présence). Au pire, c’est la procédure décrite dans ce guide qui
s’applique.
Ce guide devra être actualisé après le 1 er juin 2011 pour intégrer les nouvelles dispositions de
cette réforme.
Cette information se fait par oral ou par écrit. Elle est inscrite sur le PV et sur le registre des
gardes à vue. Il t’est demandé de le signer, et en cas de refus de signature, cela est mentionné.
Faut-il signer ? Voir plus bas “Les documents que les flics peuvent faire signer”.
La notification doit t’être donnée dans une langue que tu comprends, donc éventuellement avec
un interprète ou à l’aide d’un formulaire.
Les prolongations doivent également t’être notifiées.
Avertir les proches :
Tu peux demander dès la première heure à ce que soit averti par téléphone (c’est le flic qui
appelle):
– Toute personne avec qui tu vis habituellement, un parent en ligne directe (père, mère, grands-
parents, enfants), un frère ou une sœur, ou ton colocataire.
– Par ailleurs, tu peux en plus prévenir ton employeur.
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Le flic peut refuser “pour les nécessités de l’enquête”, mais il doit pour cela obtenir
l’autorisation du procureur.
En cas de prolongation pour terrorisme, tu peux demander à faire prévenir tes proches
seulement à la 96ème heure à la condition qu’on t’ait refusé ce droit au début de la GAV.
Examen médical :
Toi, ta famille et les flics peuvent le demander dès la première heure, et, en cas de
prolongation, tu peux obtenir un deuxième examen médical.
Dans les cas de GAV de plus de 48 heures, des examens médicaux obligatoires sont prévus. Tu
peux toutefois exiger de voir à nouveau le médecin pour un second examen.
De son côté, ta famille peut exiger un examen médical si celui-ci n’a pas déjà eu lieu.
L’examen médical a en principe pour but de vérifier que ton état de santé est compatible avec la
GAV, mais il faut aussi s’en servir pour faire constater des brutalités policières. Tu dois exiger
du médecin qu’il examine toutes les marques de coups et, s’il n’y en a pas, qu’il le précise noir sur
blanc : C’est utile si on subit des violences policières ensuite. Ne pas hésiter à vérifier le
contenu du certificat médical.
Suivant les commissariats et les horaires, le médecin peut se déplacer ou, au contraire, ils
peuvent te conduire à l’hôpital. L’examen médical peut donc être l’occasion de sortir un peu des
locaux de la GAV.
L’avocat :
La visite d’un avocat est obligatoirement proposée au début de la GAV dès la première heure et
au début de la prolongation éventuelle de la GAV.
La récente réforme de la GAV prévoit :
– Un avocat est présent, à ta demande, durant toutes les auditions pour les GAV de droit
commun, MAIS pas si tu es soupçonné de terrorisme, de trafic de stupéfiant, de bande
organisée.
ATTENTION : il existe un flou juridique concernant le moment à partir duquel cette réforme
doit s’appliquer. La loi du 14 avril 2011 dit que cette réforme entre en vigueur le 1 er juin 2011,
mais, en parallèle, la cour de cassation a estimé dans des arrêts du 15 avril 2011 que la présence
d’un avocat durant les auditions s’applique dès maintenant. Nous n’avons donc pas de réponse
claire sur ce point à la date de diffusion de ce guide. Donc, au mieux, il y a un avocat maintenant
durant les auditions (demande sa présence). Au pire, c’est la procédure décrite dans ce guide qui
s’applique.
Ce guide devra être actualisé après le 1 er juin 2011 pour intégrer les nouvelles dispositions de
cette réforme.
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Dans certains cas, l’avocat ne peut pas être vu avant la 48 ème heure (pour ce qui est commis en
bande organisée : enlèvement et séquestration, proxénétisme, vol, extorsion, association de
malfaiteurs) ou la 72 ème heure (trafic de stupéfiants en bande organisée et actes de
terrorisme) de la GAV.
Si tu connais les coordonnées d’un avocat, les flics ne peuvent pas refuser de l’appeler. Si tu n’en
connais pas, tu peux choisir de demander un “commis d’office”. Pour prévenir l’avocat, les flics
sont tenus à une “obligation de moyens”, mais pas de “résultats” c’est-à-dire qu’ils doivent
appeler l’avocat que tu auras choisi, mais ils ne sont pas responsables si cet avocat n’est pas
joignable ou s’il ne veut pas se déplacer. Dans ce cas, il est toujours possible de faire appel à un
commis d’office.
L’entretien avec l’avocat est confidentiel (les flics n’y assistent pas) et ne peut pas durer plus
de trente minutes. Si les flics refusent la présence de l’avocat durant les auditions, demande à
ce que ce soit écrit sur le PV de garde à vue.
À l’exception du médecin, l’avocat est la seule personne venue de l’extérieur du commissariat que
tu peux rencontrer et de qui tu peux recevoir des conseils. Mais à ce stade, l’avocat n’a pas
accès au dossier, et il n’a pas d’autres informations sur l’enquête que ce que tu lui dis. L’accès au
dossier est pourtant une exigence de la cour européenne des droits de l’homme, mais elle n’est
pas prévue dans le code pénal. Tu peux donc demander à l’avocat de demander à avoir accès au
dossier. Les flics vont refuser, il faudra alors qu’il note ce refus sur la feuille d’observation.
L’avocat peut contrôler les conditions du déroulement de la GAV et faire des observations
écrites qui seront jointes à la procédure.
Lorsqu’il y a plusieurs prévenus, ils peuvent être défendus par le même avocat, ou par des
avocats différents.
L’avocat n’est pas censé donner la moindre information à autrui sur la GAV.
La fouille à corps :
C’est une fouille intégrale, une mise à nue totale, et cela peut-être humiliant.
En cas d’“investigation corporelle interne” (doigt dans l’anus ou dans le vagin, pour parler plus
clairement), il est obligatoire pour les flics d’avoir recours à un médecin.
Ils ne se contentent pas de chercher des indices ou des objets illégaux, mais ils gardent aussi
un certain nombre d’effets personnels pour la durée de la GAV : ce peut être la ceinture, les
lacets, certains vêtements, les sacs, les bijoux, les briquets, etc. (ceinture : évite donc un
pantalon qui ne tiendrait que par une ceinture car tu serais obligé de le tenir avec ta main tout
le long de ta GAV. De même, les ficelles d’un vêtement peuvent être coupées : mieux vaut
accepter plutôt que de se retrouver sans ce vêtement en GAV). L’argent doit être compté et mis
à part.
Les affaires que les flics gardent font l’objet d’un inventaire qui est signé.
Empreintes digitales et photos :
Les flics peuvent prendre tes empreintes digitales et palmaires ainsi que des photographies :
– « En cas de crime ou de délit, s’il existe une ou plusieurs raisons plausibles de te soupçonner
d’avoir commis ou tenté de commettre l’infraction » : donc si tu es le suspect. C’est un délit que
de refuser de s’y soumettre (jusqu’à trois mois de prison et 3750 euros d’amende).
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– Si tu es « susceptible de fournir des renseignements sur les faits en cause” : donc si tu es
simple témoin. Il est possible de refuser, car il n’y a pas de peine prévue. .
Ces empreintes ou ces photos seront comparées à celles conservées dans les différents fichiers
et aux prélèvements effectués sur les lieux du crime ou du délit.
Elles pourront être intégrées aux fichiers. Renseigne-toi par la suite auprès de la Legal Team,
du groupe de solidarité ou de ton avocat pour effectuer la procédure de désinscription de ces
fichiers.
Empreintes génétiques :
Note : Ce paragraphe a été réalisé à partir de la brochure « Refuser le fichage ADN : pourquoi
? Comment ? » que nous vous conseillons de consulter sur http://refusadn.free.fr, notamment
pour en savoir plus sur le nombre d’années pendant lesquelles vos données seront conservées,
sur d’autres types de fichages, sur les actions militantes de soutien possible, la procédure de
désinscription du fichier éventuellement, etc.)
Que cela soit en GAV ou lors d’une convocation de la police, on peut te demander de te
soumettre à un prélèvement de ton ADN.
Pourquoi ? La loi dit : «Toute personne à l’encontre de laquelle il existe une ou plusieurs raisons
plausibles de soupçonner qu’elle a commis un crime ou un délit ».
Comment ? Le prélèvement se fait en crachant sur un buvard ou en introduisant un coton tige
dans ta bouche. Ils ne te préviennent pas qu’ils vont procéder à ce prélèvement, et ne te
donnent pas d’explications.
Les flics n’ont pas le droit de prélever ton ADN directement sur toi si tu n’es pas d’accord, car
ton corps est considéré comme une propriété privée qu’ils ne peuvent violer.
Si tu refuses ce prélèvement : Tu risques un procès, donc une peine d’emprisonnement et/ou une
amende :
− Si tu es seulement mis en cause (donc présumé innocent) pour crime ou délit ou si tu es
condamné pour délit : 1 an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende,
− Si tu es condamné pour crime : 2 ans et 30 000 euros d’amende.
Cependant, les flics peuvent prélever ton ADN d’une autre manière : « à partir de matériel
biologique qui se serait naturellement détaché du corps de l’intéressé », c’est-à-dire tes
mégots, tes cheveux… Et tu seras quand même poursuivi pour refus.
Ne bois donc pas dans les verres que les flics te proposent (dans la mesure du possible…), et ne
laisse pas trainer tes mégots. Tu pourras en revanche perdre des cheveux à ton insu, mais c’est
plus compliqué pour les flics de savoir quels cheveux appartiennent à qui…
Enfin, sur ordre du procureur, si tu es condamné pour crime ou pour un délit puni de dix ans
d’emprisonnement, le prélèvement peut être effectué sans ton accord par exemple en te
forçant à ouvrir la bouche pour y introduire un coton-tige.
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Il est également possible aux policiers, en vue d’inculper des personnes, en particulier pour des
cas de détériorations et sabotages divers et variés, de relever sur les lieux d’actions des
empreintes et traces d’ADN. Attention donc aux empreintes et aux indices que tu laisses
derrière toi (porte des gants !)
Les flics exercent souvent une pression psychologique pour te faire accepter (menaces, parfois
insultes), ce moment est difficile à vivre. Il faut s’y préparer et réussir à expliquer clairement
les raisons de ton refus. Attention à l’outrage et rébellion en plus !
A savoir : Une convocation pour prélèvement ADN peut intervenir dans un délai d’un an
après l’exécution de la condamnation. Les flics peuvent convoquer au commissariat sans
spécifier le motif, et en cas de refus du prélèvement ADN, ils peuvent placer la personne
en garde à vue pour faire pression.
Pourquoi refuser ?
« Parce que nous refusons les politiques sécuritaires qui renforcent une organisation sociale
injuste et jalonnent le chemin vers des États totalitaires, parce que nous refusons de donner
nos gènes à des autorités qui, sous couvert «d’insécurité», ouvrent la voie vers la discrimination
génétique, nous considérons le refus de fichage génétique comme un acte politique
indispensable. Et possible»
Il faut savoir qu’un refus n’entraine pas systématiquement un procès. Selon le ministère de la
Justice, entre 2003 et 2005, sur 452 personnes ayant refusé le fichage génétique, 108 ont été
dispensées de peine, 267 ont pris de la prison ferme (3 mois en moyenne), 16 ont pris du sursis,
58 des amendes ou des jours-amendes (300 euros en moyenne).
Le refus de donner son ADN est considéré comme un délit ”infini”. Autrement dit, après une
condamnation pour refus de prélèvement génétique, la police peut demander de te soumettre de
nouveau au test. Si tu refuses, tu te trouves en situation de récidive, ce qui aggrave les peines
pouvant être requises !!!
Pour faire pression sur la justice française, le refus en masse est une possibilité. La saturation
des tribunaux s’envisage, en effet, avec seulement 10% de refus.
Les conditions de vie en GAV :
Les conditions d’une garde à vue peuvent varier considérablement.
Pendant la garde à vue, on n’a pas la possibilité de se laver, même si des sanitaires sont parfois
prévus à cet effet, ni de changer de vêtement.
Les cellules sont souvent sales et froides. Tu peux te retrouver isolé des personnes arrêtées en
même temps que toi.
La GAV est en soi une pression psychologique. Certaines GAV se résument à de brefs
interrogatoires, à de longues heures d’attente dans une cage et à une incertitude quant à sa
durée, son issue et son déroulement. D’autres seront plus intenses, avec de longues auditions,
des perquisitions, etc.
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Dans tous les cas, le manque d’hygiène, la fatigue et l’ignorance dans lesquelles tu te trouves,
concernant le déroulement de la garde à vue et de ses suites ont un effet perturbant.
Ce stress est voulu et entretenu par les flics dans le but de te déstabiliser.
C’est pourquoi ils peuvent aussi chercher à augmenter la pression à tout moment pendant la
garde à vue : Les coups ou les brimades physiques sont possibles. Les menaces, réflexions,
intimidations en tout genre sont encore plus courantes («Tu n’es pas prêt de revoir tes
enfants», «Tes copains t’ont accusé», « ton avenir professionnel est foutu », etc.).
Évite toute causerie innocente durant ET en dehors de l’interrogatoire : les flics jouent parfois
le rôle du copinage («flic de gauche», etc.).
Ne te laisse pas intimider par des brutes, ne te fais pas avoir par des policiers pseudo-sympas,
ne cherche pas à être plus malin qu’eux.
Il peut arriver que les flics te conseillent d’avouer pour obtenir une décision plus favorable ou
être relâché plus vite. Attention ! Ce deal n’est pas légal, il est même vicieux : si tu avoues, tu ne
pourras pas revenir sur tes aveux, et tu auras très peu de chances d’être cru par le procureur
et le juge ensuite.
Seul le procureur pourra te proposer ce genre de marchandage (le plaider coupable).
Les auditions :
Elles se déroulent dans les bureaux des flics.
La récente réforme de la GAV prévoit :
La loi du 14 avril 2011 prévoit désormais que l’avocat t’assistera lors des auditions (il n’aura
acceès qu’à quelques pièces du dossier -PV, certificat médical). Sa participation est gratuite et
il pourra te conseiller et intervenir si l’audition se déroule mal (si le ton monte ou si les flics te
posent des questions pièges). Il pourra aussi poser des questions à la fin de l’audition.
ATTENTION : il existe un flou juridique concernant le moment à partir duquel cette réforme
doit s’appliquer. La loi du 14 avril 2011 dit que cette réforme entre en vigueur le 1 er juin 2011,
mais, en parallèle, la cour de cassation a estimé dans des arrêts du 15 avril 2011 que la présence
d’un avocat durant les auditions s’applique dès maintenant. Nous n’avons donc pas de réponse
claire sur ce point à la date de diffusion de ce guide. Donc, au mieux, il y a un avocat maintenant
durant les auditions (demande sa présence). Au pire, c’est la procédure décrite dans ce guide qui
s’applique.
Ce guide devra être actualisé après le 1 er juin 2011 pour intégrer les nouvelles dispositions de
cette réforme.
C’est le moment où les flics te posent des questions et notent tout ce que tu dis sur un papier
appelé “procès-verbal d’audition”.
Lors de ces interrogatoires, il n’y a aucune obligation de parler. La seule question à laquelle il est
obligatoire de répondre concerne ton état civil : nom, prénom, date et lieu de naissance, nom des
parents.
Rien ne t’oblige en revanche à répondre à des questions sur ton permis de conduire, ta
profession, ton salaire ou ton domicile.
Tu as le choix de faire tes propres déclarations, de répondre aux questions qui te seront posées
ou de te taire. Tout ce qui est dit est porté sur le procès-verbal et peut servir à te condamner,
ou quelqu’un d’autre, lors d’un éventuel procès.
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Il est donc indispensable de ne parler que si on a l’intelligence de la situation, c’est-à-dire si on
sait précisément ce qu’on peut dire sans que cela soit défavorable à soi-même ou à d’autres.
En cas d’arrestation en groupe ou si l’affaire concerne d’autres personnes, parler, c’est risquer
d’être en contradiction avec les autres, c’est aussi les “mouiller” parfois involontairement. Il est
alors indispensable de te taire, sauf si vous vous êtes bien mis d’accord au préalable sur une
version identique. Même les versions identiques, sous la pression des flics, risquent de se
contredire. Dans le doute, il vaut mieux ne rien dire, tout simplement…
Les conséquences du silence (indisposer la machine judiciaire, passer quelques heures de plus au
commissariat) sont toujours moins graves que celles d’avoir trop parlé.
Seul le procureur a le pouvoir de t’inculper et de te proposer une procédure de “plaider-
coupable” (c’est-à-dire « avouer », « reconnaitre les faits » – voir le paragraphe plus bas).
L’enjeu n’est donc pas d’être crédible ou sympathique devant les flics. Ce qui compte après un
interrogatoire, ce n’est pas l’avis des flics, mais ce qui est écrit sur le procès-verbal d’audition
et s’il a été signé ou non.
Si tu choisis de te taire, il faut alors dire : “Je n’ai rien à déclarer” (et non pas “je ne sais rien”,
ce qui revient à déclarer quelque chose), et cela doit être noté tel quel sur le procès-verbal.
Il peut arriver que les flics s’acharnent à poser malgré tout une série de questions auxquelles il
faudra à chaque fois répondre “je n’ai rien à déclarer”.
Tu peux aussi choisir de faire tes propres déclarations, ce qui n’a rien à voir avec répondre aux
questions des flics. Dans ce cas, c’est toi qui choisis ce dont tu veux parler : Tu peux faire état
de violences policières, par exemple, même si les flics préféreraient écarter la question.
Tu dois imposer au flic de noter ce que tu as dit, même s’il y est réticent, et ne pas hésiter à
faire ré-écrire ce qui n’a pas été fidèlement retranscrit.
Tu peux terminer ta déclaration en affirmant “je n’ai rien d’autre à déclarer” pour bien montrer
que tu ne veux pas rentrer dans le jeu des questions et des réponses.
Les documents que les flics peuvent faire signer :
−Notification des droits,
−Inventaire de la fouille,
−Rendu de la fouille,
−Procès-verbal d’audition,
−Notification de fin de GAV,
−Le registre des GAV tenu par le commissariat.
Lorsqu’une convocation en justice est délivrée à la fin de la GAV, les flics la font signer.
Certains de ces documents sont réunis sur une même feuille quand ils sont présentés à la
signature.
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Quoi que tu signes, signer signifie que tu reconnais tout ce que le document dit. Il faut donc
tout lire très attentivement avant une quelconque signature, que ce soient les déclarations, la
fouille, les notifications, etc. Ne pas hésiter à faire rectifier tout ce qui n’est pas correct,
même le plus petit détail.
Signe au plus près du texte écrit pour éviter les ajouts. Mets un trait s’il reste du blanc en
dessous de ta signature. Et n’oublie pas de demander une copie du PV que tu as signé.
Refus de signature : Il n’est jamais obligatoire de signer, quelle que soit la pression que les
flics exercent à ce sujet, et quoi qu’ils disent. Refuse de signer :
−Si le document porte des mentions avec lesquelles tu n’es pas d’accord, s’il omet des choses
que tu as dit ou s’il contient des choses que tu n’as pas dites et que les flics refusent de le
modifier,
−Si, tout compte fait, tu n’es pas satisfait de ce que tu as dit,
−Ou simplement par principe : tout ce qui n’est pas signé sera plus facile à contester lors du
procès.
Il est très important de lire le PV de l’audition dans tous les cas, même si tu n’as pas l’intention
de le signer. Il est donc préférable que tu ne précises pas d’emblée que tu ne signeras pas, mais
que tu te fasses remettre le PV pour le rendre ensuite sans le signer.
Il n’y a pas que la déposition qui peut être un document piège : la notification de fin de garde à
vue l’est également (voir ci-après).
La notification de fin de garde à vue :
La fin de garde à vue ne signifie pas forcément que tu es libre : il peut y avoir un “déferrement
au parquet” ou une présentation au juge d’instruction, et la machine judiciaire ne fait alors que
s’enclencher.
Le PV de notification de fin de garde à vue est donc un document important qui décrit :
−le déroulement de la GAV en reprenant les heures de début et de fin (avec ou sans
prolongation),
−les heures d’alimentation, les heures et la durée des interrogatoires et des repos,
−l’heure de la notification des droits, les motifs de la GAV,
−les passages de l’avocat, du médecin, etc.
Les mêmes informations sont portées sur le registre de la GAV du commissariat.
Attention : Signer ces documents, c’est reconnaître que la garde à vue s’est déroulée comme elle
est décrite. En général, cela empêche l’avocat, ensuite, d’obtenir une nullité de procédure pour
une garde à vue irrégulière.
Comme expliqué ci-dessus, tu peux bien sûr refuser de le signer, ainsi que le registre des gardes
à vue, qui porte souvent les mêmes informations.
Que faire si on a des proches en garde à vue?
Important : Contacte la Legal Team ou le groupe de solidarité si tu penses qu’ils n’ont pas été
prévenus. Ils pourront aussi t’expliquer ce que tu peux faire.
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Contacte tes camarades et les collectifs anti-répression : Se rassembler devant un poste de
police pour exiger la libération d’une ou plusieurs personnes retenues est souvent un moyen de
pression efficace à condition d’être suffisamment nombreux. Dans ces cas, un ou des flics
peuvent sortir du commissariat pour faire un « petit brin de causette » : attention à ne rien dire
sur les faits reprochés au camarade, même pas pour les minimiser (genre : « il a juste fait ça »).
Rappel : un membre de la famille peut demander l’examen médical de la personne en GAV.
LA SORTIE DE GAV
(dans le cas d’un flagrant délit ou d’une enquête préliminaire)
Le procureur, par téléphone, décide de la suite à donner à la GAV et de la qualification juridique
précise des faits. Celle-ci est importante (s’agit-il par exemple d’un “vol simple” ou d’un “vol en
réunion”, etc.) car elle modifie la gravité des peines encourues et peut conduire à la comparution
immédiate.
Ces suites peuvent être :
1) Sortie sans poursuite : tu es libre et n’es pas inquiété.
2) Sortie avec une convocation qui vaut “citation à comparaître”, comprenant la date, l’heure et
le lieu du procès, ainsi que les faits reprochés et les articles de loi correspondant à ces
délits. La citation précise que tu dois venir avec des justificatifs de tes revenus. Avant de te
laisser sortir, les flics te demandent de signer cette convocation. Signer ou ne pas signer ne
changera rien dans ce cas. Le procès a souvent lieu des mois après les faits (suivant
l’encombrement des tribunaux). En attendant, tu es libre et n’es pas soumis à un contrôle
particulier. La convocation pour une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité
(CRPC: voir plus bas) peut également être remise à ta sortie.
3) Sortie sans convocation, mais celle-ci est adressée plus tard par huissier. Autrement dit, tu
n’es jamais à l’abri d’une mauvaise surprise tant que le délai de prescription du délit n’est pas
passé (trois ans dans la plupart des cas). Cette citation à comparaître reprend les termes
exposés au point 2. La convocation pour une comparution sur CRPC peut arriver par courrier.
4) Sortie sans poursuite judiciaire mais avec un “rappel à la loi”.
5) Déferrement au parquet, c’est-à-dire passage devant le procureur. C’est le début d’une
procédure qui peut aboutir à la comparution immédiate ou à une CRPC.
6) Présentation à un juge d’instruction. En cas de poursuites pour crime, passibles de la cour
d’assises, la présentation à un juge d’instruction est automatique. Dans le cas d’un délit, le
procureur renvoie devant un juge d’instruction les affaires compliquées ou mettant en cause
un grand nombre de personnes. Dans ce cas, il n’y a pas de comparution immédiate possible,
mais des possibilités de détention provisoire si la peine encourue est supérieure ou égale à
trois ans. Ce type de procédure n’est pas présenté dans ce guide
Le « plaider-coupable » :
L’expression «plaider-coupable» n’existe pas en droit français : c’est anglo-saxon. En France,
cela correspond à la « composition pénale » ou la «comparution sur reconnaissance préalable de
culpabilité» (CRPC).
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La «composition pénale» et la CRPC relèvent de la même logique : Reconnaître sa culpabilité en
échange d’une peine qu’on espère allégée, et accélérer la procédure en court-circuitant le
procès.
C’est le représentant de l’accusation, donc le procureur, qui fixe la peine, et non pas le juge
comme dans un procès ordinaire. Le rôle du juge sera réduit à une sorte de droit de veto final :
il ne pourra qu’accepter ou refuser en bloc les peines envisagées.
L’objectif affiché du «plaider-coupable» est de désengorger les tribunaux tout en donnant une
réponse pénale rapide à tout acte délictueux.
Ce type de procédure est toujours une forme de chantage. Que tu sois ou non l’auteur des faits
dont tu es accusé, tu es confronté au même dilemme : pouvoir être fixé rapidement sur ton sort
ou devoir affronter les délais et les incertitudes d’un procès.
Voici une brève définition de ces deux concepts :
La composition pénale est possible pour tous délits punis d’une peine de prison inférieure ou
égale à cinq ans. Le procureur directement ou par l’intermédiaire d’une «personne habilitée» (par
exemple un flic ou un «délégué» du procureur) te propose une peine et donc tu reconnais ta
culpabilité. Tu peux accepter ou refuser la proposition de peine et demander un délai de dix
jours pour faire connaître ta décision. Tu as le droit de te faire assister par un avocat avant de
donner ton accord. Il est important de prendre son avis avant d’accepter, car contrairement aux
apparences, la composition pénale n’est pas toujours avantageuse.
La comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité s’applique lorsque tu reconnais les
faits qui te sont reprochés pour des délits punis d’amende ou d’une peine de prison inférieure ou
égale à cinq ans. Le «plaider-coupable» ne peut s’appliquer «ni aux mineurs de moins de dix-huit
ans, ni aux délits de presse, ni aux délits d’homicides involontaires, de délits politiques ou de
délits dont la procédure de poursuites est prévue par une loi spéciale». C’est le procureur qui
décide de recourir à cette procédure, ou à ta demande, ou encore à celle de ton avocat. Tu peux
accepter ou refuser la proposition du procureur, qui sera validée ou non par un juge du tribunal.
LE DÉFERREMENT AU PARQUET ET SES SUITES
Le déferrement et l’entretien avec le procureur :
Quand tu es « déféré », tu es transféré du commissariat vers le palais de justice pour voir le
procureur.
En principe, tu dois être présenté le jour même de la fin de ta GAV devant le procureur, idem
pour la présentation à un juge d’instruction.
Cependant “en cas de nécessité”, un délai supplémentaire est prévu : de 20 heures maximum
entre l’heure de la fin de la GAV et la présentation au magistrat. Durant ces 20 heures, la loi
précise que tu “dois avoir la possibilité de t’alimenter”.
Tu disposes de certains des droits de GAV : faire prévenir un proche, voir un médecin et
t’entretenir “à tout moment” avec un avocat (qui n’a toujours pas eu accès au dossier).
19/32
Cependant, à la différence de la GAV, tu n’es pas supposé être interrogé.
Cette rétention doit se faire dans un local de police ou de gendarmerie sous le contrôle du
procureur.
Cela peut donc être dans un commissariat ou au dépôt (la prison interne du palais de justice).
Au bout de ces vingt heures, si tu n’as pas été présenté au procureur, tu dois être remis
d’office en liberté.
Au cours de l’entretien, le procureur doit constater ton identité. Il doit te faire connaître les
faits qui te sont reprochés et éventuellement recueillir tes déclarations (si tu le demandes).
Cet entretien peut être purement formel ou au contraire, déterminant, suivant les cas. Le
procureur a toujours la possibilité, à ce stade, de classer l’affaire sans suite, de décider d’une
médiation ou composition pénale, et en cas de renvoi devant le tribunal, la comparution n’est pas
toujours immédiate (voir le paragraphe suivant).
Tes déclarations peuvent donc jouer un rôle dans la décision du procureur : il faut rappeler qu’à
ce stade, tu n’as toujours pas accès à ton dossier et tu ignores encore quels sont les éléments et
les témoignages recueillis par les flics.
Renvoi devant le tribunal :
Si le procureur décide un renvoi devant le tribunal, il t’informe que tu as droit à l’assistance de
l’avocat de ton choix ou commis d’office. À la différence de la GAV, l’avocat peut alors
consulter le dossier et communiquer librement avec toi. À partir de ce moment, toi «le
prévenu», tu sais donc précisément ce qu’il y a dans le dossier.
Pour un renvoi devant le tribunal, le procureur peut décider d’une comparution différée, ou
immédiate.
La comparution immédiate :
Si tu es présenté au juge (en comparution immédiate -CI- ou en instruction), tu seras emmené
du poste de police au tribunal quelques heures auparavant (généralement entre 2 et 3 heures).
C’est durant ce laps de temps que l’avocat de ton choix doit venir te rencontrer. L’avocat
prendra connaissance de ton dossier, s’entretiendra avec toi et te conseillera : accepter ou non
la comparution immédiate. Si tu l’acceptes, l’avocat te proposera et préparera une stratégie de
défense : n’hésite pas à lui poser des questions, et si tu n’es pas d’accord, n’hésite pas à le lui
dire.
=> ATTENTION : Cet entretien sera court, de même que le temps éventuel de préparation de ta
défense, c’est pourquoi nous te conseillons de refuser la CI et donc d’obtenir un report de
procès. Par contre, le juge peut décider de te mettre en détention provisoire si tu refuses la CI.
La CI est possible :
− En cas de flagrant délit, pour tous les délits punis de plus de six mois d’emprisonnement.
− S’il ne s’agit pas d’un flagrant délit, pour les délits dont la peine prévue est supérieure ou égale
à deux ans.
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Dans tous les cas, on peut être condamné en comparution immédiate pour le maximum de la peine
prévue pour un délit, c’est-à-dire dix ans ferme, doublé en cas de récidive, soit vingt ans.
En attente de la comparution immédiate :
−Si le tribunal correctionnel peut se réunir le jour même, tu attends ta comparution au dépôt.
Pour les moins de 21 ans, il y a un entretien avec un travailleur social. Attention, ceux-ci sont
employés par le ministère de la Justice et vont répéter tout ce qu’ils peuvent apprendre.
−Si le tribunal correctionnel ne peut pas se réunir le jour même, le procureur peut demander au
juge des libertés et de la détention que tu sois placé en détention provisoire jusqu’au jour où le
tribunal se réunira : cette détention ne peut durer que jusqu’au “troisième jour ouvrable
suivant”, donc peut aller par exemple du samedi au mercredi.
−Si la détention provisoire est refusée par le juge des libertés et de la détention, tu es libre,
mais tu peux être placé sous contrôle judiciaire. Tu es convoqué dans les dix jours à deux mois
suivants.
Il est important que des « personnes-soutien » soient présentes lors de ces procès
expéditifs pour que le tribunal prenne conscience qu’il ne peut pas tranquillement distribuer
de la taule pour des broutilles : voir en annexe conseil pour « Réaliser un compte-rendu
d’une audience de comparution immédiate ».
Et si tu connais quelqu’un qui va passer en CI, essaie, avec tes camarades/un groupe de
solidarité/legal team, de réunir le plus de justificatifs possibles pour assurer le juge des
garanties de représentation, c’est-à-dire tout ce qui pourra assurer au juge que cette personne
se présentera bien à son procès (justificatifs de domicile, certificat de travail/études, etc). Si
le juge a toutes les garanties de la « stabilité » de sa vie, elle a plus de chance qu’il ne la mette
pas en préventive dans l’attente de son procès.
Report du procès
Lorsqu’il y a comparution immédiate, le tribunal ou toi-même peuvent demander le report du
procès :
−Le tribunal, s’il estime qu’il n’y a pas assez d’éléments dans le dossier, peut désigner un juge
pour enquêter, désigner un juge d’instruction, renvoyer l’affaire au procureur ou reporter le
procès à plus tard, et éventuellement te mettre en détention provisoire ;
−Tu peux refuser d’être jugé immédiatement. Le président du tribunal correctionnel doit te
poser la question en début d’audience : ton accord ne peut être recueilli qu’en présence de ton
avocat.
En cas de report, qu’il soit demandé par les juges ou par le prévenu, le tribunal correctionnel
peut te placer ou te maintenir en détention provisoire. Il le fait après t’avoir entendu toi et ton
avocat.
C’est un premier jugement qui porte uniquement sur la question de la détention provisoire et qui
n’aborde pas l’affaire en elle-même : il se fait dans les mêmes formes que les autres jugements.
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En cas de détention provisoire, le procès doit avoir lieu dans un délai de deux mois au maximum.
Ce délai est porté à quatre mois au maximum et ne peut être inférieur à deux mois si la peine
encourue est supérieure à sept ans. À l’expiration de ces délais (soit deux mois, soit quatre mois
selon le type de peine encourue), si l’audience n’a pas eu lieu, tu es remis en liberté d’office, et
tu comparais libre.
Si le tribunal décide de ne pas te mettre en détention provisoire, l’audience est fixée dans un
délai de deux à six semaines, sauf pour les délits punis de plus de sept ans d’emprisonnement,
alors ce délai est compris entre deux et quatre mois. Le plus souvent, le tribunal décide au moins
de te placer sous contrôle judiciaire.
Le contrôle judiciaire consiste en une série de contraintes imposées à toi « le prévenu » laissé
libre en attente de ton procès. Ces contraintes sont fixées par le juge, qui les choisit dans une
liste assez large prévue par la loi dont entre autres :
−Interdiction de sortir sans autorisation de certaines limites territoriales (pays, ville, voire
logement…)
−Obligation de se présenter périodiquement aux autorités
−Payer une caution dont le montant est fixé par le juge.
Ces choix s’expliquent par la personnalité du prévenu, les caractéristiques de l’affaire, bref, ils
sont à la tête du client !
Si tu ne te soumets pas aux obligations du contrôle judiciaire, tu risques d’être placé en
détention provisoire.
LA DÉTENTION PROVISOIRE
L’enjeu :
En France, la détention provisoire est courante et elle est assez déterminante pour la suite des
événements.
Déjà, tu ne comparaitras pas libre et tu es entouré de flics, parfois tu es menotté en rentrant
dans la salle du procès, et placé dans le box des accusés : traitement qui est épargné à celui qui
comparaît libre.
De plus, si tu as passé quelques semaines en détention provisoire, le tribunal va être tenté de
couvrir cette période par une condamnation équivalente.
Surtout, en cas de condamnation à de la prison ferme, si tu étais déjà en détention, tu es sûr de
faire au moins une partie de ton temps d’emprisonnement. Si tu comparais libre, en revanche, tu
n’es pas placé sous mandat de dépôt à l’audience, tu as davantage de possibilités d’échapper à la
prison ferme.
22/32
Demander ou non un report :
C’est le choix déterminant qui t’est laissé dans la procédure de comparution immédiate : être
jugé immédiatement ou demander un report du procès. Il est particulièrement important de
pouvoir peser le pour et le contre.
Dans tous les cas, choisir le report suppose que l’on se donne les meilleurs moyens pour tenter
d’éviter la détention provisoire.
Tenter d’éviter la détention provisoire :
Ces conseils sont valables aussi bien devant le tribunal, quand tu as demandé le report, que
devant le juge des libertés et de la détention.
La détention provisoire a comme prétextes officiels, entre autres, le fait de “garantir le
maintien [du prévenu] à la disposition de la justice”, “de mettre fin à l’infraction ou de prévenir
de son renouvellement”, ou de mettre fin “à un trouble exceptionnel ou persistant à l’ordre
public”.
Autrement dit, le plus souvent, il faut convaincre le ou les juges du fait que tu seras présent au
procès et que l’infraction ne va pas être renouvelée.
Pour la présence au procès, il faut apporter ce que la justice appelle des “garanties de
représentation” : C’est tout ce qui peut prouver que tu es bien inséré socialement et que par
conséquent tu es “fiable”.
Il faut bien comprendre que dans l’esprit des juges, un notable est plus fiable qu’un « érémiste
», un riche qu’un pauvre, un flic qu’un anarchiste… N’oublions pas qu’il s’agit d’une justice de
classe. Il faut donc savoir faire bonne figure…!
Le type de document à fournir peut être de toute nature et de toute origine : contrat de travail
ou de stage, certificat d’employeur ou de professeur, carte d’étudiant, justificatifs de domicile,
etc. Comme il s’agit d’une comparution immédiate, tes proches ne disposent que de quelques
heures pour les réunir et les faire parvenir à l’avocat. Si tu n’as pas le temps de les réunir pour
cette audience, ils peuvent servir pour le recours contre la détention provisoire (voir le
paragraphe suivant).
La présence de membres de la famille à l’audience peut aussi être considérée par le tribunal
comme une forme de garantie de représentation.
Concrètement, les juges n’ont guère le temps et les moyens de vérifier certaines affirmations
de ceux qui passent en comparution immédiate, pas plus que les documents apportés par ceux qui
sont à l’extérieur. Cependant, il faut absolument éviter toute contradiction afin de rester
crédible.
Quant au renouvellement de l’infraction, elle est souvent évaluée d’après les antécédents. Tu
n’es pas obligé de rappeler tout ton pedigree si t’en as un, d’autant que les délais d’inscription
de tes peines précédentes au casier judiciaire peuvent jouer en ta faveur.
Si tu es “primaire” (si tu n’as jamais été condamné), toi-même et/ou ton avocat aurez intérêt à
insister sur ce point. Tes déclarations ont aussi leur importance : si tu as reconnu les faits, tu
ne dois pas hésiter à dire que l’acte est occasionnel et qu’il ne se renouvellera pas.
En revanche, le jugement sur la détention provisoire ne se prononce pas sur le “fond” de
l’affaire : si on nie les faits, les juges n’en tiendront pas forcément compte.
23/32
Recours contre la détention provisoire :
Même si tu as eu la malchance de partir en détention provisoire après avoir demandé un report,
tu ne dois pas pour autant renoncer à essayer de sortir de taule avant ton véritable procès,
d’abord pour les raisons exposées dans le premier paragraphe.
Il y a deux recours possibles:
−L’appel du jugement qui t’a placé en détention provisoire. Cet appel se fait devant un autre
tribunal : la cour d’appel,
−La demande de mise en liberté. Elle peut se faire à tout moment, en s’adressant directement au
directeur de la prison. Tu peux faire autant de demandes que tu veux. C’est le tribunal
correctionnel qui a décidé une première fois de la mise en détention provisoire qui statue.
L’audience doit avoir lieu dans un délai de dix jours après la demande. Il est recommandé de
fournir davantage de documents (garanties de représentation) que lors de la première audience,
en arguant de la difficulté pour les réunir, car si le tribunal dispose seulement des mêmes
pièces, il rejugera la situation de la même manière.
En cas de refus de mise en liberté, on peut faire appel de cette décision dans un délai de vingt-
quatre heures : la cour d’appel doit se prononcer dans les vingt jours. Si ce délai n’est pas
respecté, la personne sort de prison.
La demande de mise en liberté peut même se faire après une condamnation devant le tribunal
correctionnel, quand on a fait appel.
COMMENT ORGANISER SA DÉFENSE ?
COMMENT CONTACTER UN AVOCAT ?
Avocat :
Pour assurer ta défense durant la GAV, demande l’avocat que pourrait te conseiller les groupes
de solidarité ou une legal team (renseigne-toi donc avant) ou l’avocat de ton choix si tu en as un
(il sera payant mais tu pourras faire un demande d’aide juridictionnelle selon tes revenus).
Sinon tu peux demander un avocat commis d’office, il est gratuit pour la GAV .
Pour assurer ta défense lors d’un procès, soit tu gardes l’avocat que tu as choisi en GAV, soit tu
peux demander un avocat commis d’office (ce ne sera pas le même qu’en GAV). Si tu n’as pas les
moyens financiers pour t’en payer un, tu peux demander une “aide juridictionnelle” (voir après).
Dans ce cas, tu dois remplir un dossier d’aide juridictionnelle. Attention, tous les avocats
n’acceptent pas systématiquement l’aide juridictionnelle.
Lorsque tu demandes un avocat commis d’office et que tu as des revenus, tu signeras une
convention d’honoraires et tu devras payer ! Renseigne-toi aussi par rapport au soutien
financier que peuvent t’apporter les groupes de solidarité ou une legal team.
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Même commis d’office, un avocat n’a pas à t’imposer sa stratégie de défense, il doit se plier à ce
tu demandes : sinon il ne faut pas hésiter à en prendre un autre.
Aide juridictionnelle :
L’aide juridictionnelle est un moyen de financement total ou partiel par l’État des frais du
procès (avocats, huissiers, expertises…) lorsque ceux-ci ne sont pas pris en charge par un
contrat d’assurance de protection juridique.
Cette aide est ouverte à toute personne d’une nationalité d’un pays de l’union européenne ou un
étranger en situation régulière.
Elle est conditionnée à un seuil de ressources financières. Différents paliers existent selon tes
ressources (les revenus et le capital sont pris en compte).
Pour remplir la demande d’aide juridictionnelle lors de la GAV, le dossier est rempli sur tes
simples déclarations. Pour un jugement, il faudra les justificatifs de tes déclarations.
Tu peux te procurer le formulaire de demande d’aide juridictionnelle au tribunal, à la mairie ou
encore sur internet. Et tu devras déposer (ou envoyer) ta demande au bureau d’aide
juridictionnelle du tribunal de grande instance qui statuera.
A titre d’exemple, depuis le 1 er janvier 2011, il faut avoir moins de 929 € de revenus mensuels
pour une personne seule pour une prise en charge totale, et moins de 1393 € pour une prise en
charge partielle. Ce montant est majoré en fonction du nombre de personnes à charge (conjoint,
concubin, descendants ou ascendants) de 167€ pour les 2 premières personnes à charge et de
106€ pour les personnes suivantes. Les bénéficiaires de l’allocation du fond national de
solidarité et de l’allocation temporaire d’attente ainsi que les victimes d’infractions criminelles
les plus graves (viol, barbarie, …) sont dispensés de justifier leurs ressources afin de bénéficier
de l’aide juridictionnelle.
Comités antirépression/Groupes de solidarité :
Outre l’aide des avocats pour les procédures juridique, tu peux contacter les groupes de
solidarité ou comités anti-répression qui pourront aussi t’aider et te soutenir. L’objectif des
comités anti-répression est de s’organiser pour mener des pressions politiques afin de lutter
contre tous les actes de répressions et/ou pour aider à financer les procédures juridiques.
QUE FAIRE EN CAS DE VIOLENCES POLICIÈRES OU ABUS DE POUVOIR ?
Si tu as été frappé, va rapidement à l’hôpital et essaye d’obtenir un certificat médical bien
détaillé de l’Unité Médico Judiciaire (UMJ) (à Paris par exemple, c’est à l’Hôtel Dieu) qui est
pris plus au sérieux qu’un certificat de médecin généraliste. Attention, les flics vont aussi à
l’Unité Médico Judiciaire quand ils sont blessés, mais il ne devrait pas y avoir de répression
dans ce lieu.
Il faut obtenir un certificat médical de l’UMJ, seuls médecins habilités à être reconnus en
justice.
Tout autre certificat ne serait pas valable en justice, cela t’obligerait à une nouvelle
consultation, mais qui risquerait d’arriver trop tard si tes symptômes ont disparu ou diminué
entretemps.
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Demande un arrêt de travail (Incapacité Totale de Travail) même si tu ne travailles pas !
Ces documents pourront t’être très utiles dans le cadre de poursuites, c’est-à-dire si tu veux
porter plainte contre la police et/ou pour ton procès.
Où et comment porter plainte ?
−Si tu as réussi à obtenir l’identité de l’officier (s’il s’agit du policier, tu as le droit de demander
son matricule, mais rares sont ceux qui coopèrent !) : Tu peux directement porter plainte contre
lui si son intervention est manifestement disproportionnée par rapport à la menace qu’il a jugé
que tu représentes.
−Si tu ne connais pas l’identité du policier, porte plainte contre X en mentionnant avec détails,
les informations permettant de l’identifier (date, heure, lieu, circonstances du contrôle…).
Devant qui porter plainte si tu as subi des violences policières ?
1) le parquet du tribunal de grande instance / correctionnel en matière pénale en adressant une
simple lettre au procureur de la République dans laquelle tu précises ton état civil complet, le
récit des faits, les éléments de preuve (copie du certificat médical, photos, témoignages…).
2) Au commissariat de police. Il faut faire un dépôt de plainte et non pas une inscription au
registre des mains courantes (qui ne donnera pas de suites judiciaires car il s’agit d’une simple
déposition).
Les policiers ne sont pas en droit de refuser d’enregistrer une plainte. Certains peuvent
prétendre ne pas être compétents pour des questions géographiques («vous dépendez de tel
commissariat», «les faits se sont déroulés à tel endroit, vous devez aller au commissariat de
quartier»…) : C’est faux, tous les commissariats sont compétents. Ou «ne pas avoir le temps» :
Insiste, un dépôt de plainte est un droit.
3) Auprès de la gendarmerie (schématiquement, la police intervient en ville, les gendarmes en
zone rurale, mais il existe des gendarmeries proches des villes…). Les gendarmes sont des
militaires, parfois plus à l’écoute dans ce type de circonstances.
4) Tu peux aussi directement porter plainte à l’IGS, la police des polices, qui s’occupe des
affaires concernant la police, pour Paris. En province, l’équivalent est l’IGPN.
Dans tous les cas (police, gendarmerie), tu dois repartir avec le double de ton dépôt de plainte.
Les plaintes aboutissent rarement, le Procureur de la République classant sans suite, mais tu
peux, en tant que victime, te porter partie civile. Dans ce cas, le Procureur de la République
n’aura plus d’autre choix que de poursuivre.
N’hésite pas à informer également ton député et sénateur (les élus de ta région) en lui
adressant une copie de ta plainte, demande-lui de saisir la commission nationale de déontologie
et de la sécurité.
Attention, ces plaintes sont généralement longues et aboutissent rarement. Le système
répressif est conçu pour cela. En revanche, c’est une démarche nécessaire et qui, couplée avec
une plainte à l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN), l’Inspection Générale des
Services (IGS), peut fournir un argument lors du procès pour soutenir la thèse des violences
policières.
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Les témoins de cas de violences policières devraient écrire un témoignage. Cet écrit doit, le cas
échéant, absolument informer sur le lieu, le temps et la forme de l’acte de violence (brutalités,
arrestations,…), les noms et le nombre de personnes impliquées et / ou de témoins, le type
d’unité de police (CRS, BAC, etc) leur nombre et l’allure des policiers (la moustache ne suffit
pas…).
Et politiquement, il est toujours mieux que ces violences soient dénoncées…
ANNEXES
1) POUR LES NON-EUROPÉENS
Une nouvelle loi sur l’immigration a été votée le 11 mai 2011. Elle va modifier ce qui est écrit
dans ce paragraphe (le texte devrait entrer en vigueur en juin), elle prévoit entre autre
d’augmenter la durée maximale de rétention à 45 jours. Malheureusement, aucune analyse n’a pu
être faite vu la date de diffusion de ce guide.
Tu peux faire l’objet «d’une mesure de reconduite à la frontière» et d’une rétention
administrative pendant 48h.
Tu peux faire un recours contre les deux décisions mais tu restes pendant ce temps en
rétention.
Tu as le droit de demander l’assistance d’un médecin, d’un avocat, d’un interprète et de
communiquer avec ton consulat et avec une personne de ton choix : demande à cette personne
d’appeler la Legal Team ou un groupe de solidarité, ou appelle-la toi-même.
La rétention administrative peut être prolongée, par un juge, de 15 jours, renouvelable 1 fois
jusque 32 jours. Tu as le droit de faire appel contre la décision du juge de prolonger la durée de
rétention.
Demande à rencontrer la personne de permanence d’une association qui intervient dans les
centres de rétention administrative au plus vite : Cette association pourra t’aider, notamment à
contester la décision de reconduite à la frontière et la rétention administrative.
Comme en GAV, tu dois être bien traitéE en rétention : Ne subir aucune violence ni physique, ni
morale.
2) OUTRAGE ET RÉBELLION
Lorsque des policiers usent de violences sur quelqu’un à l’occasion d’arrestations, ils poursuivent
presque systématiquement cette personne pour « outrage », alors souvent associé à la «
rébellion » et aux « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique ».
C’est une manière pour eux de justifier les marques de coups visibles : « puisque cette personne
était violente, il a bien fallu la maîtriser et donc faire usage de la force ». Ils se dédouanent
ainsi, par avance, de toute mise en cause de leur violence devant un tribunal.
L’interprétation de la notion d’outrage est très vaste : un simple regard jugé « narquois » ou un
geste qui exprime « le dédain ou le mépris » peuvent suffire.
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Le délit d’outrage, quand il est adressé aux flics, a ceci de particulier qu’il est constaté par celui
à qui il est adressé (c’est facile !) et surtout permet aux flics de gagner de l’argent grâce aux
dommages et intérêts qu’ils obtiennent lors des procès !
Comment réagir lorsque l’on est accusé d’outrage ?
Ces conseils ne sont pas des solutions miracles, mais doivent permettre d’éviter les pièges les
plus grossiers. Ils sont valables aussi quand on est accusé de rébellion et de menaces.
Dans les cas d’outrages et de rébellion, le dossier de l’accusation se résume la plupart du temps
aux déclarations des policiers. En droit, un témoignage policier n’a pas plus de valeur que celui de
n’importe qui. Dans les faits, la connivence entre la justice et la police est telle que le tribunal va
favoriser cette dernière.
Il est donc indispensable de contester avec force la version des flics. En déposant plainte
contre les violences, l’expérience montre que, si on arrive rarement à la relaxe, les peines sont
généralement moins graves.
Contester la version des flics, c’est avant tout nier l’outrage et la rébellion, c’est donc pour celui
qui est accusé nier avoir prononcé certaines paroles ou effectué certains gestes.
Attention, nier les insultes mais reconnaître par exemple avoir « crié » ou s’être « énervé »,
c’est déjà trop. Le juge s’appuiera sur ce prétexte pour condamner (« s’il s’est énervé, il a
certainement insulté »). Il faut donc savoir présenter une version vraisemblable, qui ne varie pas
et qui ne laisse aucune prise à une interprétation malveillante (« j’étais très calme », « je ne me
suis jamais adressé directement aux policiers »…).
La rébellion est le fait d’opposer une résistance violente à une personne dépositaire de l’autorité
publique. La résistance violente à une définition très large : il n’est pas nécessaire de porter des
coups, un simple geste, comme barrer le passage, peut suffire. En manif, les occasions sont
nombreuses pour permettre d’accuser un manifestant de rébellion. Seule une résistance
totalement passive (se laisser arrêter, se laisser porter par les flics sans esquisser le moindre
geste) n’est en aucun cas une rébellion.
3) LA LEGISLATION « ANTI-CAGOULES»
Un décret de juin 2009 a inséré un nouvel article dans le code pénal selon lequel « le fait pour
une personne, au sein ou aux abords immédiats d’une manifestation sur la voie publique, de
dissimuler volontairement tout ou une partie de son visage de manière à ne pas être identifié
dans des circonstances faisant craindre des atteintes à l’ordre public », est passible d’une
amende allant jusqu’à 1500€ (jusqu’à 3000€ en cas de récidive).
Ce type d’infraction, réprimée par une contravention de cinquième classe, est insusceptible de
conduire en GAV.
Les questions du degré de dissimulation (tout le visage ? seulement une partie ?) et de la façon
de dissimuler (foulard ? masque ? pull ?) ne sont pas encore tranchées.
De plus, ce sera au procureur de prouver que tu as dissimulé ton visage pour ne pas être
identifié (et non car tu avais froid), et que cette dissimulation faisait craindre des troubles à
l’ordre public (c’est-à-dire que tu vas commettre du vandalisme, ou que tu es avec des personnes
qui le font).
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Par ailleurs, la loi du 11 octobre 2010 (loi « anti-burqa ») interdit de manière générale de porter
une tenue destinée à dissimuler son visage dans l’espace public (voies publiques, lieux ouverts au
public ou affectés à un service public) sauf pour des raisons de santé ou dans le cadre de
pratiques sportives, de fêtes, de manifestations artistiques ou traditionnelles. La
méconnaissance de cette interdiction est passible d’une amende allant jusqu’à 150€ maximum
et/ou d’un stage de citoyenneté.
4) LA LOI ANTI-BANDES
Une loi de mars 2010 a créé une nouvelle infraction : celle de la participation à un groupement,
même formé de façon temporaire, crée en vue de commettre des violences aux personnes ou des
dégradations aux biens. L’infraction est punie d’un an d’emprisonnement et de 15000€ d’amende.
Cette loi réprime la seule intention de se regrouper, sans passage à l’acte violent : le seul fait de
participer à une « bande » est constitutif de l’infraction… même si, toi, personnellement, tu n’as
rien fait (ATTENTION : si tu dis que tu n’as rien fait lors de la GAV, ça peut vouloir dire que
d’autres de tes camarades ont fait -cf. ci-dessus sur la GAV-).
Cette notion de « participation à un groupement » est une notion très vaste, le but étant de
ratisser large. Un « groupe » interpellé même avant une action visée par cette infraction prévue
tombe quand même sous le coup de cette infraction. Idem pour un groupe de potes discutant de
tel projet tombé à l’eau : car même le fait d’avoir appartenu à un groupe est punissable. Cela
peut se manifester par un discours, un projet exprimé, la formation effective d’un groupe dont
l’action prévue est connue des flics, etc. : c’est « l’intention » qui est ici criminalisée !
Donc relate encore moins tes exploits en public désormais…
Il faudra en tout état de cause que l’action prévue vise des « violences aux personnes ou des
dégradations aux biens » : donc un groupe allant casser du facho tombe aussi sous le coup de
cette infraction.
Cette loi permet dans le même temps la constitution de milices privées armées qui peuvent se
substituer aux flics pour faire régner l’ordre en combattant ces « bandes ». Ces milices seront
composées de gardiens d’immeubles, d’agents de sécurité, de surveillance, etc, dotées d’armes
de 6 ème catégorie, qui, si elles suspectent la création d’une de ces « bandes », pourront
intervenir pour faire régner l’ordre aux alentours de l’immeuble qu’elles gardent.
La mécanique de cette loi est simple : augmenter la criminalisation en permettant la répression
d’un groupe qui se forme ou a été formé, cette répression pouvant être le fait de milices privées
armées.
Cette notion se distingue de celle de « bande organisée », où il faut la commission d’une
infraction, même unique, par un groupement formé, ou de celle « d’association de malfaiteurs »
qui vise la préparation des délits punis d’au moins 5 ans d’emprisonnement.
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5) CETTE NOTION SI PARTICULIÈRE DE « BANDE ORGANISÉE »…
Ce terme relève d’un but précis de la répression : celui d’accroitre la criminalisation d’un
collectif organisé. Il faut savoir qu’il existe plusieurs paliers de regroupement de personnes
organisées : De la simple « commission en réunion » (qui suppose une action inorganisée,
occasionnelle ou fortuite, et donc sans préméditation) jusqu’à la véritable association de
malfaiteurs, en passant par celle qui nous intéresse ici : la bande organisée.
Des militants peuvent tomber sous les foudres de la justice grâce à cette définition très large
(créé en 1994) : « constitue une bande organisée tout groupement formé ou toute entente
établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d’une ou
plusieurs infractions ». Elle sanctionne même la commission d’une infraction unique, et même
constituée d’un seul fait matériel. Les peines sont donc possiblement plus graves dans un tel cas.
C’est donc la volonté d’agir ensemble et dans le cadre d’une certaine organisation qui est visée.
Pour le prouver, les critères sont flous ; par exemple par la répartition des rôles dans « l’équipe
» et à la possession de matériel.
L’objectif étant d’élargir les moyens d’investigation préventive et de renforcer les sanctions à
l’encontre de cette supposée « bande organisée ». Une loi de 2004 précise cet arsenal sous la
formule passe partout d’« adapter la justice aux évolutions de la criminalité ».
Concrètement, des dispositifs répressifs sont élargis grâce à « la circonstance aggravante »
liée à ce type de menaces :
− Surveillance des conversations téléphoniques et des échanges de mails ;
−Infiltration de groupe afin de « surveiller des personnes suspectées de commettre un crime ou
un délit en se faisant passer, auprès de ces personnes, comme un de leurs coauteurs, complices
ou receleurs », en faisant usage d’une fausse identité d’emprunt.
− Les procédures suites aux interpellations sont également renforcées. Concernant la garde à
vue : tu peux faire l’objet d’une GAV de 24 heures prolongeables une fois et, si tu es accuséE de
crime/délit en « bande organisée », il est possible de la prolonger encore à deux reprises (par
rapport au droit commun) pour une durée de 24 heures, chacune (soit jusqu’à 4 jours). Les
prolongations seront ordonnées par le juge des libertés et de la détention ou le juge
d’instruction ;
− Les perquisitions de nuit : les possibilités de perquisition en enquête ou à l’instruction de nuit
sont étendues en s’inspirant des pratiques en matière de lutte contre le terrorisme.
6) CAS PARTICULIERS POUR CELLES ET CEUX AYANT DÉJÀ FAIT
L’OBJET D’UNE CONDAMNATION
Certaines mesures d’une loi de 2007 sur la récidive et les « peines planchers » ont instauré :
1) Des peines minimales en cas de récidive, dites « peines-planchers »
Le premier point vise particulièrement les personnes répondant d’une infraction passible de
trois ans ou plus, de réclusion, de détention ou d’emprisonnement. Si la personne se trouve en
situation de récidive, la loi prévoit alors d’introduire des peines-plancher.
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Exemples bien concrets des peines-plancher en cas de délits :
− Un an pour un délit punissable de trois ans d’emprisonnement,
− Deux ans pour un délit punissable de cinq ans d’emprisonnement,
− Trois ans pour un délit punissable de sept ans d’emprisonnement,
− Quatre ans pour un délit punissable de dix ans d’emprisonnement.
2) L’exclusion de « l’excuse de minorité » est possible pour les mineurs de plus de 16 ans (c’est-
à-dire que l’âge ne signifie plus rien pour la justice) en cas de récidives et de graves délits. Par
ailleurs, l’exclusion de l’excuse de minorité est automatique à partir de la deuxième récidive. Le
tribunal pour enfants ou la cour d’assises des mineurs peuvent déroger à cette exclusion (c’est-
à-dire ne pas l’utiliser), mais sont obligés alors de motiver ce choix. Les juges pourraient
déroger à ces seuils, mais dans des cas limités, et encore plus réduits dès la deuxième récidive.
Mais pour qu’il y ait dérogation, il faudra qu’il y ait « enquête de personnalité » du prévenu.
7) FICHIERS DES RESIDENTS DES ZONES DE SECURITE
Un décret du 2 mai 2011 permet au directeur général de la police nationale, au directeur général
de la gendarmerie nationale et au préfet de police de créer des « fichiers des résidents des
zones de sécurité », contenant des données à caractère personnel et « ayant pour finalité la
gestion des titres permettant l’accès des personnes ou des véhicules aux zones à l’intérieur
desquelles sont apportées des restrictions à la libre circulation et à l’exercice de certaines
activités, afin de prévenir les troubles à l’ordre public et de garantir la sécurité d’un événement
majeur. »
Pour les personnes physiques, ils peuvent contenir :
– nom, prénom ;
– date et lieu de naissance ;
– adresses postale et électronique ;
– coordonnées téléphoniques ;
– au choix du déclarant : numéro de la carte nationale d’identité, du permis de conduire, du
passeport ou du titre de séjour ;
– dates et heures d’entrée et de sortie de la zone sécurisée ;
– motif de l’accès à la zone de sécurité.
Pour les véhicules, ils peuvent contenir :
– numéro d’immatriculation ;
– marque ;
– modèle ;
– type ;
– couleur.
Les personnes concernées ne peuvent pas s’opposer à ce que ces informations les concernant
figurent dans ces fichiers.
Les données sont conservées pendant un délai de trois mois à compter de la fin de l’événement.
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Leur consultation au-delà de trois jours n’est possible que dans le cadre d’une procédure
judiciaire. Les consultations sont enregistrées.
Ces fichiers doivent faire l’objet d’un engagement de conformité envoyé préalablement à la
Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).
8) RÉALISER UN COMPTE-RENDU D’UNE AUDIENCE DE COMPARUTION
IMMÉDIATE
Quelques conseils pour assister à une audience, prendre des notes, connaître le déroulement
d’un procès.
Assister à l’audience :
Se renseigner auprès d’un avocat ou bien à l’accueil du tribunal sur les types de procès et les
horaires des audiences. A Strasbourg, par exemple, les comparutions immédiates ont lieu tous
les jours sauf le week end et les jours fériés à partir de 14 h, salle G au rez-de-chaussée du
tribunal de grande instance, quai Finkmatt.
Aller sur le lieu de l’audience à l’heure prévue. En principe chacun peut assister à une audience.
Prévoir une carte d’identité au cas où, un papier et un stylo. Couper la sonnerie du portable.
Dans la salle d’audience, le juge trône, entouré de ses deux assesseurs (des juges aussi), le
procureur est à sa droite et la greffière à sa gauche. L’avocat qui représente le prévenu est
devant lui ; en face se trouvent les avocats des parties civiles ou l’avocat du prochain prévenu.
On peut s’installer à partir de la deuxième rangée de banc, la première étant réservée aux
témoins et à la partie civile. (Il faut essayer d’être le plus proche possible car avocat,
procureur, juge, interprète, comme prévenu parlent vraiment de manière inaudible parfois si on
est au fond de la salle)
Prendre des notes
Il faut essayer de noter les paroles de chacun, le vocabulaire juridique, et conserver l’ordre des
interventions ; mais il y a toujours des pauses durant la prise de note. Les répétitions des
charges, d’une partie des faits, des questions parfois, laissent du temps pour faire une pause,
terminer une phrase ou corriger un nom, un terme. Les procès en comparution immédiate durent
en général bien moins d’une heure.
Relever l’heure du début de l’audience.
Toujours, au tout début de l’audience, l’huissier annonce le nom du prévenu, plus tard le prévenu
se présente. C’est uniquement quand le prévenu se présente au juge qu’il est possible de relever
son âge et son adresse. Généralement le nom et l’adresse n’apparaissent pas dans les compte-
rendus publics, mais ils peuvent être utiles pour organiser un soutien au prévenu ou aux familles. Penser aussi à relever la date des faits qui n’est souvent citée qu’une seule fois par le juge lors
de la présentation des faits.
En général l’audience est découpée par les paroles des quatre acteurs principaux de l’audience.
Le juge présente les faits, les charges et interroge le prévenu, le procureur requiert contre
celui-ci et enfin l’avocat plaide, chacun à leur tour, sans se couper ni trop rompre cet ordre,
sauf le juge. On peut noter chaque intervention par un signe distinguant chaque intervenant (JU,
PRE, PRO, AV).
Le prévenu n’a pas beaucoup de temps de parole et ne s’exprime qu’une seule fois
généralement.
Relever l’heure de la fin de l’audience.
Le délibéré
A Strasbourg, par exemple, le tribunal auditionne toutes les affaires puis juge, en privé, aux
alentours de 17 h, sauf le lundi quand il y a plus de prévenus à juger où c’est plus tard. Le temps
de délibération (3/4 d’heure en général) dépend du nombre de personnes à juger.
Au moment de la lecture du délibéré, la salle est souvent pleine, généralement les prévenus
attendent dans une salle mitoyenne à la salle d’audience et défilent très rapidement devant le
juge; il faut être proche et attentif pour entendre le verdict prononcé par le juge.
En dehors de la salle d’audience on peut aussi essayer de rencontrer les personnes venues
soutenir unE amiE, unE proche, unE cousinE et prendre un café.
Adresses et contacts :
Pour toute info, ou s’il y a des erreurs ou des compléments à apporter à ce guide :
legalteam-strasbourg (at) effraie.org
Plus d’info :
http://www.guidejuridique.net/ : Face à la police/Face à la justice
http://www.legifrance.gouv.fr/ : codes en vigueur en français, anglais, espagnol (code de
procédure pénale)